WordPress

Pensée d'avant, regard d'aujourd'hui, esprit d'après, ensemble allons plus loin

Faut-il à l’image de la disparition des civilisations humaines, voir la culture judo
s’effondrer lentement, sans faire de bruit, sur elle-même, sans que nous n’en
ressentions les effets, sans que nous ne nous en apercevions.


Cette sorte de séisme d’un « judocatastrophe » comme Jared Diamond1 le décrit
dans son ouvrage « Effondrement1  » est-il possible ?


Alors comment basculent, disparaissent les sociétés humaines, les structures
linguistiques, les arts, les technologies, les religions ?


Le poète Thomas Stearns Eliot nous avertit « le monde ne finira pas dans un
Boum, mais sur un murmure2 ».


Je dirais même que pour le judo le risque peut devenir dans un murmure
assourdissant, dans l’indifférence et l’apathie.


Le risque de déculturation est-il possible, la perte de ce qui constitue notre
patrimoine peut-il advenir ?


A chaque fois que l’on passe sur un élément qui constitue notre tradition, nos us et
coutumes, nos rites, et nos principes ; c’est un peu de la mémoire collective qui
s’effrite et se disperse aux vents de l’oubli.


Le judo est un art universel qui dans l’application des préceptes de Jigoro Kano
constitue un patrimoine culturel immatériel.


Ce patrimoine immatériel du judo fait appel à la mémoire de nos anciens et se
transmet comme pour les Katas de gré à gré.


Le progrès (innovation) et la modernité ne sont pas l’éradication des lumières de
l’humanité que sont pour nous les préceptes de Jigoro Kano.


Je crois profondément en la nature humaine, je crois profondément à la
transmission des savoirs, de nos valeurs par l’action des ceintures noires, des hauts
Gradés qui agissent comme un ciment des générations en devenir.


Sans spiritualité le judo perd toute sa valeur éducative, perd l’essence culturelle
voulue par son créateur. La compréhension du judo assouplit l’intelligence, le judo
est constitué de matières subtiles qui ne se prononcent pas, comme le souligne
Yukio Mishima « Pourquoi concevons-nous l’envie de donner une expression aux
choses qui ne peuvent être dites ? ». 


Le Grand Judo de Jigoro Kano n’est pas un musée d’objets de curiosités, un monde
antique englouti, n’est pas un vestige archéologique, mais repose sur les trois piliers
que sont : Shin, Gi, Tai. 


Ceintures Noires, Hauts Gradés l’heure du chant du cygne n’est pas arrivée,
promettons de défendre et de répandre autour de nous les préceptes de Maître
Jigoro Kano. C’est le but et la mission que s’est fixé le Cercle Jigoro Kano.


Jean-Pierre TRIPET
Président

  1. Diamond J., Effondrement. Comment les sociétés décident de leur survie, Gallimard, 2009.
  2. Eliot T. S., The Hollow Men, in Poems. 1909-1925, Faber & Faber 1925.