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Pensée d'avant, regard d'aujourd'hui, esprit d'après, ensemble allons plus loin

Sommaire

AVANT-PROPOS

CLE DE LECTURE DU FASCICULE

TEMOIGNAGES 1ère partie

LA CULTURE, UNE DEMARCHE IDENTITAIRE

DE LA DIFFICULTE DANS L’ACTION

PRENDRE SOIN DE CE QUI RAPPROCHE

UNE VISION PLURIELLE COMMUNE

MESSAGE PLURIEL

DEVELOPPEMENT

LES SAVOIR-ETRE

SAVOIR-FAIRE

SAVOIR-DEVENIR

FAIRE-DEVENIR

EPILOGUE

————————————-

AVANT-PROPOS

Parmi les diverses démarches qui pouvaient nous permettre de relever le défi de concilier le fondement de la pratique du judo avec nos valeurs altruistes, les principes universels et humanistes de Jigoro KANO avec la subjectivité, assise parfois incertaine de la relation à l’autre, nous en avons choisi une. Celle de l’ouverture, du don de soi par la transmission, le partage, pour devenir afin d’accompagner et en retour « Faire devenir » à travers l’entraide mutuelle, le don et contre don, ou la fraternité réciproque.

Se tourner vers les autres, leur faire aimer notre activité pénétrée de son héritage culturel, en le comprenant, les faire accéder au plaisir intense que procure le progrès dans la découverte et la connaissance de l’autre.

Dans ce fascicule nous nous sommes efforcés que tout ne soit que compréhension, affection, ferveur et complétude dans le sens d’un idéal et d’un imaginaire de bien être, de satisfaction et d’absence de tension en parfaite harmonie avec l’état d’esprit du Cercle Kano.

Autant dire que le contenu est rempli de choix personnels, de jugements, de ressentis que nous assumons.

La diversité des propositions abordées mêlées à nos convictions peut refléter une subjectivité que nous revendiquons, mais qui est bien sûr critiquable et peut être ici ou là réfutable. Nous en acceptons la règle du jeu, c’est aussi cela la force de l’esprit maison de notre mouvement.

Mais en même temps nous avons cherché à respecter les canons de la sincérité, avec sa vérité provisoire, mais aussi sa plasticité.

Tout cela est notre vision, une vision pas trop éloignée nous l’espérons, de ce que doit être la démarche d’accompagnement en judo, de la transmission ou de ce que nous nous représentons de l’exemplarité du judoka et plus particulièrement du haut grade.

Nous devons ajouter qu’il y a aussi les limites de nos savoirs personnels et de nos compétences et – les spécialistes à l’esprit avisé nous le pardonneront- que ce travail n’est pas écrit pour eux.

Nous avons simplement voulu donner un éclairage personnel sur notre perception de l’évolution du judoka par la rencontre de l’autre et le partage de notre héritage culturel.

PRESENTATION

Avant de développer nos propos nous tenons à apporter en liminaire quelques précisions sur notre long cheminement que nous pourrions qualifier d’initiatique, vers cette lumière, cette félicité, cette quête d’absolu qui passe par la réalisation de soi grâce à la rencontre de l’autre dans le partage de valeurs et principes.

Respectueux de l’authenticité, nous nous efforcerons de mettre en adéquation nos pensées avec toutes nos expériences, nos réflexions philosophiques, spirituelles et nos interrogations éthiques aussi bien sur les tatamis que dans la vie de tous les jours. Cela représente bien sûr un vaste sujet et un beau mais difficile défi, car l’un ne va pas sans les autres.

Si aujourd’hui nous pouvons vous présenter un travail de réflexion que nous avons intitulé :« Découverte, Ouverture, Devenir, Pour faire devenir… » nous le devons à toutes celles et tous ceux qui nous ont ouvert la voie au cours de notre vie judo, en nous faisant découvrir et comprendre jour après jour que :

«Notre pratique devait nous aider à utiliser le plus efficacement possible l’énergie corporelle et mentale afin d’atteindre une sorte de perfection humaine, car le but final était l’épanouissement de soi même dans l’authenticité, en étant dans la vie utile à la société ».

La rencontre avec le judo s’est donc transformée en une merveilleuse histoire d’amour qui continue à nous stimuler grâce à ce fabuleux défi que nous offre le Cercle Kano, en ce moment même où nous mettons en forme ce fascicule, avec toujours autant de passion, mais accompagnée d’un esprit critique acéré et plus objectif envers nous-même.

Cette perpétuelle remise en question, ô combien nécessaire, nous éclaire sur le long travail qui reste à accomplir pour tendre vers la plénitude, la sagesse à laquelle chacun d’entre nous aspire au sein de notre mouvement que nous souhaitons « éclairé ».

Sans prétention nous pouvons ajouter que nos différentes expériences didactiques nous ont beaucoup apporté, et la maturité aidant, ont largement contribué à notre compréhension de la globalité de l’être.

C’est donc par une multitude d’acquis techniques, pédagogiques et humains que nous avons creusé un sillon et peut être réussi à semer et à récolter les fruits de cet important investissement affectif et psychologique qui nous a conduit à nous retrouver devant vous, pour vous présenter avec humilité le substrat de ce que nous qualifierons de « merveilleuse aventure humaine ».

Nous voilà donc amené à vous entretenir de ce que représente pour nous les pré requis nécessaires pour développer le dynamisme, stimuler les capacités, les stratégies, nourrir nos enthousiasmes tout en étant immergés dans les valeurs et principes universels et humanistes de Jigoro KANO.

Il nous parait important de préciser que tous nos héritages doivent permettre de faire émerger les capacités latentes, révéler les compétences inconscientes, manifester les valeurs essentielles du judo tout en favorisant un équilibre sain entre l’être et le faire pour savoir devenir afin d’être un passeur pour faire devenir.

En ce début de 3ème millénaire, les mots d’ordre sont « sois performant, responsable, libre, flexible, change ! » Il faut évoluer à tout prix ! Comment faire les bons choix dans ce monde constamment en mouvement ? Notre activité est confrontée à la même problématique.

Ce qui nous conduit à vous présenter une approche personnalisée de ce que représente pour nous la rencontre avec le judo, sa culture et sa transmission au-delà de l’apprentissage classique et traditionnel sur lequel bien entendu nous nous sommes aussi appuyés très longtemps, et à qui nous devons un légitime devoir de mémoire.

CLÉS DE LECTURE DE CE FASCICULE

Ce fascicule de découverte et d’ouverture à devenir pour faire devenir est destiné à toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’exercer à la découverte de notre « culture judo », tout en interpellant aussi ceux et celles qui sont à la recherche de valeurs universelles.

Il ne contient aucun renseignement sur la manière de pratiquer telle ou telle technique. En revanche, il permettra à tous les acteurs du judo de mieux cerner leur rôle concernant l’environnement culturel dans lequel ils doivent éveiller les judokas tous grades confondus à la découverte de l’esprit maison du Cercle Kano.

De plus, il contribuera pour toutes les ceintures noires et haut-gradés à enrichir leur mission d’accompagnateur du changement et d’ouvreur d’esprit par la découverte de la profondeur de l’humanisme de notre discipline et de notre héritage culturel.

Avec l’aide et le soutien de son professeur, le candidat à la ceinture noire trouvera également dans ce livret, nous l’espérons, un ensemble d’éléments lui permettant de mieux cerner le sens à donner à un « esprit judo éclairé ».

Il aura aussi pour but de sensibiliser les lecteurs sur le fait que vivre la culture judo au quotidien est affaire de discipline, courage et patience. Le judo n’est donc pas qu’une pratique sportive.

C’est donc à la découverte de soi par la culture judo et l’approfondissement du principe essentiel « entraide et prospérité mutuelle » que dans ce document nous allons vous amener.

A travers deux fascicules (le second intitulé « Culture, Héritage, Partage) que vous trouverez sur le site internet du Cercle Kano, notre intention est de vous faire voyager d’une manière plaisante, que nous souhaitons également captivante, peut être parfois exigeante, en espérant que vous n’y rencontrerez pas l’ennui.

Au choix des lecteurs, le contenu de cette première partie peut être lue indifféremment de façon linéaire, en suivant le sommaire figurant en début d’ouvrage, ou par pans non ordonnés, au gré du lecteur. En fin de document, des références bibliographiques vous sont proposées à la découverte.

Merci enfin à tous les lecteurs et acteurs qui se porteront en relais du message culturel que vous retrouverez sur notre site internet.

Bon voyage culturel à toutes et à tous, en parcourant la richesse de notre patrimoine hérité du passé et tourné vers l’avenir.

TEMOIGNAGES 1ère partie

LA CULTURE, UNE DÉMARCHE IDENTITAIRE

En inscrivant les valeurs inhérentes à la culture judo dans les statuts du Cercle Kano, en intégrant cet élément dans la réflexion conduisant aux prises de décision, le phénomène d’officialisation se révèle assurément comme un procédé efficace pour pérenniser et valoriser la culture, et même lui conférer une certaine force contraignante.

Statuts, Article 2 : Objet :

    • Rassembler des acteurs du judo et de toutes les disciplines des Arts Martiaux qui poursuivent des buts philosophique, spirituels, philanthropiques et culturels dans le respect des valeurs humanistes de la tolérance, de la fraternité et de la solidarité.

    • D’étudier, d’analyser, d’élaborer les solutions et de diffuser les valeurs ci-dessus de la culture judo et de toutes les disciplines des Arts martiaux et du sport en général.

    • D’établir tous les contacts nécessaires et d’engager toutes les actions pour participer à l’amélioration matérielle, morale et sportive de l’humanité.

Pourtant, l’adhésion à la culture judo ne peut suffire à tenir dans un positionnement statutaire ou réglementaire.

Comme une coutume, la culture est issue de la tradition, répétée et acceptée par le mouvement judo.

Le sentiment d’obligation et de respect éprouvé par le judoka vis-à-vis de la culture tient de la force, de l’usage et de la conviction du bien-fondé de la pratique.

Même dénuée de toute sanction juridique, voire de tout jugement de valeur, la culture judo doit jalonner le maillage du Cercle Kano.

DE LA DIFFICULTÉ DANS L’ACTION

Zeus Philios, dieu de l’amitié et Hermès, divinité de la jeunesse, présidaient chez les grecs les fêtes athlétiques. Il s’agissait de la rencontre sublime de la sympathie et de l’amitié.

Point n’est besoin de philosopher sur le terrain culturo-sportif, au Cercle Kano se retrouvent des êtres que la vie judo réunit. Il n’est plus question dans ce moment de partage d’aplanir les différences ou de gommer les disparités, les acteurs de notre mouvement communient dans une même reconnaissance et une même passion pour transmettre nos valeurs éthiques altruistes de notre héritage culturel et les principes universels et humanistes de Jigoro KANO.

Notre première rencontre du samedi 14 janvier 2023 n’avait-elle pas pour but de métamorphoser nos expériences, nos vécus, en une poésie de l’amitié et de l’attachement, une lueur culturelle en une flamme incandescente qui commence à brûler au fond de chacun d’entre nous ?

Notre culture humaniste est ce lien qui nous unit aujourd’hui au sein du Cercle Kano en rassemblant tous les judoka, tous grades confondus, épris de réciprocité dans une forme de convergence étonnante ressentie par toutes celles et ceux qui adhèrent à notre mouvement.

Notre groupement défendant un propos unificateur et avant tout profondément humaniste ne pourra se permettre de voir ses acteurs apostrophés par quelques « caciques » dont l’univers formaliste traduit malheureusement celui de notre société.

Tout y est à caution, les gestes, comme les phrases, et les blâmes comme les louanges ne correspondent plus à rien. Est-ce l’heure de la moraline et que vaut alors le discours minimaliste de tel ou tel prédicateur empêtré dans ses certitudes ?

Dire la vérité relève de la conscience, celle-là même qui imprègne le plus humble des judokas loin des jeux de pouvoir, de recognition ou d’intérêt.

La simple adhésion à un groupe est une intention, suivre ne suffit plus, l’indispensable au Cercle Kano se nomme action, engagement, loyauté, entraide et prospérité mutuelle, don et contre-don et fraternité réciproque.

Mais il nous faut constater que bien souvent, à la notion d’idéal s’est substituée celle de l’éthique de confort.

Le Cercle Kano doit nous permettre d’essayer de dégager, de maintenir une spécificité et d’unir en permanence ce qui peut sembler quelque peu dispersé.

Personne ne nous reprochera de croire encore en cette émulation culturelle vitale en dépit de quelques insuffisances qui pourront peut-être voir le jour au cours de nos propres cheminements.

Il ne serait pas raisonnable si dans le même élan nous ne nous décidions pas à fustiger toutes celles ou ceux qui ne souhaiteraient qu’une recognition ou qui chercheraient à s’inclure en dehors des considérations culturelles et d’éthique.

L’heure est maintenant à l’écoute, au partage, à l’action. Comparons nos valeurs humanistes aux valeurs de notre culture judo, évoquons ensemble nos convictions, nos attentes, nos projets.

Tant que l’acteur du Cercle Kano sera capable avec enthousiasme d’imaginer, d’innover, de diffuser et de transmettre il permettra à notre groupe de demeurer l’espoir culturel du judo et sa lumière.

PRENDRE SOIN DE CE QUI RAPPROCHEUNE VISION PLURIELLE COMMUNE

Pour toutes et tous issus d’une histoire humaine judo qui a organisé, ordonné en donnant du sens à nos engagements personnels, honoré la méthode Kano « éducation physique, intellectuelle et morale », être présent à plus grand que soi nécessite de s’y préparer.

Dans notre époque volatile, incertaine, complexe et ambigüe, marquée de disruptions tous azimuts, c’est nous semble-t-il encore plus nécessaire qu’auparavant.

Certes comme nous l’entendons, une des missions du Cercle Kano est de préserver la mémoire, de la faire vivre, mais pour répondre concrètement à sa vocation première n’est-il pas aussi très important en même temps de privilégier la transmission, de promouvoir la recherche et d’encourager la création ?

Une des visions ambitieuses de notre association ne pourrait-elle pas susciter l’engagement émotif et créatif du plus grand nombre d’enseignants, de cadres, d’experts, de haut-gradés ? Ils sont pourtant les premiers responsables et bénéficiaires de ce que doit devenir un vaste projet identitaire.

Le Cercle Kano aura pour prétention de soutenir la création, la réalisation d’un corpus de ressources, basé sur des données pertinentes afin de contribuer à éclairer les futurs débats dans les formations, visioconférences, mondo, séminaires ou carrefours avec des champs d’action au travers de toutes les composantes de la culture judo telle que nous les avons définies dans nos fascicules programmatiques, « Découverte, Ouverture, Devenir, Pour faire devenir… », « Culture, Héritage, Partage ».

Ces inventaires ou expertises examineront l’état actuel des connaissances dans des domaines prédéterminés et pourraient être aussi de nature diagnostique, tout en faisant également le point sur des tendances et des orientations futures que pressentiront les membres du Cercle Kano en charge des thèmes ou idées force à promouvoir à travers un message pluriel.

Ces études auront pour but d’offrir aux acteurs français et internationaux, judokas de tous niveaux, haut-gradés, formateurs, une transmission de haute qualité sur laquelle ils pourraient s’appuyer pour aller dans le sens de l’histoire de notre mouvement afin d’élaborer des planifications plus éclairées et novatrices.

Nous vivons dans une époque où l’innovation ainsi que la découverte et l’application de nouvelles connaissances sont plus importantes que jamais.

Il me semble qu’un des rôles majeurs du Cercle Kano sera de soutenir, d’encourager, dans le but d’accompagner tous les acteurs du judo vers un futur qui a de l’avenir en devenant plus performant.

Ainsi la langue du judo avec celle du Cercle Kano, existant fortement l’une et l’autre, seront des moyens d’échange et de débats humanistes, c’est-à-dire un marchepied vers l’émancipation de l’individu judoka, tout en aiguisant sa conscience et en stimulant voire en enflammant l’expression de nos singularités, de nos approfondissements et de nos découvertes.

MESSAGE PLURIEL

DÉVELOPPEMENT

    • Construire une personne, un groupe en développant l’être, le faire et le devenir !

En posant comme postulat que le judo est un art de vivre, notre crédibilité doit s’appuyer dans le temps sur les capacités et le sérieux des vecteurs que nous sommes, capables de faire vivre ce message, véhiculer son image, sans pour autant se croire obligés de se prendre au sérieux.

    • Les enjeux

La transmission au-delà de la remise en question permanente doit aider à faire acquérir des compétences pour développer nos activités en permettant à tous les acteurs de devenir plus authentiques, plus créatifs, plus intuitifs, en peaufinant l’art de créer des contextes favorisant leur évolution.

Nous nous sommes efforcés de toujours nous appuyer sur des thèmes de manière à favoriser leur intégration pour nous-même et les rendre disponibles auprès des autres, ce que nous pourrions appeler : l’habileté ou l’art de développer l’être, le faire et le devenir.

    • SAVOIR… oui mais encore ?

Notre réflexion va peut-être à l’encontre d’un discours commun largement répandu, mais notre ambition est de proposer une réflexion cohérente, qui intègre les différents concepts, en montrant en quoi ils s’inscrivent dans un continuum dans lequel ils agissent en constante interaction.

Nous allons essayer de redéfinir le plus simplement possible la notion de savoir être, savoir-faire, savoir devenir.

La connaissance et le « savoir-faire » sont développés par l’enseignement magistral du judo, par notre héritage culturel et l’expérience.

La connaissance est un excellent outil, cependant elle ne doit pas être notre maître, elle doit être notre serviteur.

Mais pour développer le « savoir-être » il faut augmenter la conscience de soi, en augmentant en premier la conscience du corps et de l’esprit.

Vaste chantier ouvert pour tous avec une boite de résonance qui nous renvoie l’écho : qu’est-ce que (le) savoir ? Qu’est-ce qu’apprendre le savoir ? Qu’est-ce qu’enseigner le savoir ?

Comment structurer le savoir judo pour permettre un apprentissage le plus fécond et le plus équilibré possible, c’est-à-dire qui donne à l’apprenant le pouvoir de maîtriser les situations qu’il est ou sera amené à rencontrer dans sa vie quotidienne. La technique ne peut être qu’un moyen, pas une fin.

Bon nombre d’entre nous se sont rendu compte au cours de nombreuses discussions ou de débats que lorsque nous abordions l’approche de la méthodologie en judo, le savoir-faire restait souvent l’aspect central de ce sujet alors qu’aussi important qu’il soit, il peut être anéanti par un mauvais « savoir- être ».

Ce qui nous amène à dire que les principaux obstacles aux évolutions de n’importe quelle organisation sont les schémas mentaux figés de personnes qui ont la responsabilité première d’impulser et conduire les changements.

Nous ajouterons que ce qui nous parait le plus important c’est d’essayer de dépasser les aspects purement techniques d’un problème pour les mettre en perspective (stratégique, culturel, philosophique, social…).

Nous sommes tous attachés à des valeurs humanistes et de progrès, car si nous pensons que les hommes doivent savoir se dévouer pour les organisations auxquelles ils appartiennent, nous pensons aussi que le stratégique doit avoir « une âme », c’est-à-dire une finalité tendue vers l’épanouissement des hommes et des femmes judokas qui la composent.

Sans vouloir dépasser le rôle qui est le nôtre, nous pouvons envisager d’être des intervenants sur mesure et en fonction des besoins des acteurs en matière de conseil, d’échange, de transmission, devenir ainsi des « ouvreurs d’esprit » et accompagnateurs du changement.

Est-ce un savoir-faire différent, une compétence en plus ?

La littérature à ce sujet est maigre, car le « savoir être » n’est pas intellectuel.

Parler du « savoir être », c’est un peu comme parler du silence. Plus on en parle, plus on s’en éloigne.

Nous allons essayer de définir ce que nous percevons du savoir être.

LES SAVOIR – ÊTRE

    • Le rôle de l’identité.

Quoique déterminée par ses structures mentales et les processus psychologiques, l’identité personnelle se construit dans le cadre d’expériences totalement singulières. L’individu se trouve inséré dans des institutions canalisant son action et lui fournissant des justifications symboliques.

Il nous paraît important de souligner que l’aspect cardinal de l’identité individuelle est constitué par le désir de continuité du sujet. Cette tradition s’exprime dans l’affirmation d’une appartenance à une lignée, à un environnement, à une culture ou un imaginaire. L’identité n’existe qu’en actes.

La sociologie sportive montre par exemple que l’échelle de l’appartenance se calque sur celle de la pratique. On peut donc dire que l’identification judo est d’autant plus forte que l’on va plus régulièrement au dojo s’entraîner, participer à la vie du club tant en interne qu’en externe. Il en est de même pour les acteurs du Cercle Kano en interaction par la vie culturelle prégnante de notre site internet, de nos visio-conférences, de nos séminaires ou de nos carrefours.

Les savoir-être manifestent quant à eux la façon d’appréhender sa propre personne, les autres, les situations et la vie en général, dans sa manière de réagir et d’agir. C’est la façon de se comporter face au changement, d’aborder une situation nouvelle. Il s’agit en fait de comportements qui s’installent dans l’habituel.

Les savoir-être regroupent des activités aussi diverses que distinguer dans la plupart des situations l’essentiel de l’accessoire, qu’utiliser en toute circonstance son esprit critique, que respecter les règles de politesse et de bienséance, que d’exécuter régulièrement des exercices techniques…, que d’être dans la recherche et la prospective culturelle, de comprendre sans difficulté les sentiments des autres.

Chercher à créer un équilibre dynamique entre les valeurs féminines et masculines.

Savoir positionner ses valeurs, ses actes, sa responsabilité personnelle d’une façon constructive et engagée.

Ouvrir les yeux sur les limitations physiques, affectives et culturelles (culture judo et héritage), et apprendre à les regarder en face pour les intégrer d’une façon positive.

Prendre des risques, s’assumer en tant que femme ou homme et judoka responsable pour digérer l’échec aussi bien que le succès.

Ces exemples montrent qu’il ne s’agit pas de limiter les savoir – être, comme le discours pédagogique le fait quotidiennement, aux attitudes d’ordre affectif.

Le savoir–être manifeste ce qu’est fondamentalement la personne, dans toutes ses composantes, dans sa globalité. Et la femme ou l’homme judoka est tout à la fois un être vivant doué autant de raison que de sentiments ou d’un corps !

Plus particulièrement

    • Être dans le présent

    • Être dans l’écoute : une bonne écoute implique d’être totalement présent ici et maintenant, sans dialogues internes, ni projections, ce qui n’est pas évident et pourtant indispensable.

    • Favoriser la confiance en soi qui facilite celle de l’autre.

    • Entendre et écouter

    • Voir et regarder

    • Sentir et ressentir

    • Être dans le changement

    • Le changement peut déranger mais aussi être une opportunité pour se rendre compte de ses insuffisances, de ses manques.

    • Prendre conscience des pièges qui se tendent lorsque surviennent des échecs et des pertes significatives dans la vie du judoka et en dehors des tatamis.

    • Développement de la résilience :

Concept psychologique crée par Boris CYRULNIK qui peut être défini comme la capacité intrinsèque d’un individu à retrouver un état d’équilibre – soit son état, soit un nouvel équilibre – qui lui permette de fonctionner après un traumatisme ou en présence d’un stress continu, ou en psychobiologie : capacité à gérer des variations plus ou moins importantes de l’état émotionnel et à retourner à un état d’équilibre, tout en continuant à faire face aux sollicitations du monde extérieur.

    • Être intuitif

    • Aborder ce thème nous parait important car un être intuitif a dû évacuer la peur, l’appréhension qui bloquent la réception des messages et l’une des recettes du succès, ici comme en toute chose est la confiance en soi et bien sûr en son intuition.

    • Comprendre comment son intuition fonctionne et aider à développer ses capacités intuitives aussi bien dans les processus de créativité que des résolutions des problèmes.

    • Un accompagnement intuitif fluide et authentique demande d’être ouvert et à l’écoute.

Il nous paraît important de rappeler ici la pensée de Miyamoto MUSASHI, célèbre Maître de sabre japonais du XVII qui disait « en toutes choses, s’habituer au jugement intuitif » et en avait fait un de ses neufs principes fondamentaux.

Plus personne ne conteste que la raison ne suffise pas. L’intuition est un mode de connaissance directe qui ne passe pas par le raisonnement, la déduction, la logique.

« Le poète trouve d’abord, il cherche ensuite » Jean COCTEAU

« C’est par la logique que l’on démontre, c’est par l’intuition qu’on invente » Henri POINCARE.

On pourrait peut-être remplacer ici l’intuition par « imagination créatrice ».

Ces formules fulgurantes nous paraissent s’appliquer à toute démarche intuitive dans quelque domaine que ce soit. Dans les situations complexes, critiques ou confuses, il faut souvent renoncer à chercher… pour « trouver d’abord » !

Il s’agit donc d’utiliser à bon escient l’esprit critique, car nous avons tendance à évaluer une nouvelle idée, à l’analyser, à soulever des objections et à conclure prématurément.

SAVOIR – FAIRE

Les savoir– reproduire

Ils consistent à pouvoir redire ou reproduire un message, un propos, un témoignage culturel, une argumentation, un raisonnement, un principe transmis, sans y apporter de transformation significative. La situation dans laquelle s’exerce l’activité culturelle est semblable à celle dans laquelle s’est réalisé l’apprentissage.

Nous distinguerons cependant :

    • Le savoir reproduire littéral, qui est une répétition parfaitement identique du message initial (par exemple répéter une pensée, une réflexion, un témoignage…en les reproduisant exactement de la manière apprise durant l’échange).

    • Le savoir reproduire transposé qui permet de faire la même chose en utilisant ses qualités spécifiques, intellectuelles, culturelles et ses propres sensations ou approches distinctives.

Les savoirfaire

Ils nécessitent par-contre un travail d’adaptation, de transformation d’un message, d’une information, d’une communication, d’un contexte donné ou non.

La situation dans laquelle ils s’exercent n’est pas structurellement semblable à la situation qui a servi à l’apprentissage. L’important, ce n’est pas tant la recherche de la perfection ou de travailler plus, que de dire à nos interlocuteurs ce vers quoi nous voulons les amener.

S’efforcer d’acquérir des techniques inhabituelles d’accompagnement par des valeurs altruistes.

a) Poser le cadre d’une intervention

    • Définir un objectif, un état désiré qui soit désirable.

    • Rechercher un résultat culturel, humain avec réciprocité,

Nous entendons par culturel, la « culture individuelle » qui comporte une dimension d’élaboration, de construction et donc par définition évolutive.

Elle touche à l’ensemble des connaissances et des comportements qui caractérisent notre héritage et notre patrimoine culturel, avec nos habitus et nos traditions portés par l’art, le langage, la transmission.

Par humain, nous voulons parler des « relations humaines » avec deux composantes :

La relation à l’autre (l’accueil de l’autre, apprendre à gérer ses émotions, les conflits…) et la relation à soi-même (vouloir mieux communiquer, travailler à la maîtrise de son stress, de son angoisse et de sa peur de mal faire, concentration, volonté, éthique…).

En ce qui concerne la transmission, c’est à dire partir d’une compétence actuelle vers une compétence souhaitable optimale que l’on peut évaluer par l’écart de performance obtenu grâce à la définition d’un objectif de sensibilisation à des valeurs ou principes clairs et précis.

Ce peut être un énoncé décrivant brièvement :

    • Ce que le partenaire n’était pas capable de percevoir avant l’échange ou le débat.

    • Ce qu’il sera capable d’exprimer après un partage fructueux basé sur l’ouverture et la réciprocité.

(Le récepteur apprend beaucoup mieux s’il perçoit vers quoi il se dirige, la destination qu’on lui propose)

    • Transformer les changements inattendus et les échecs en possibilités.

    • Augmenter la créativité en période de doute, de stress et d’incompréhension.

    • Modifier les réactions automatiques d’impuissance.

    • S’appuyer sur un récit attrayant, prenant, innovant.
        1. La communication créative

    • Développer son style de communication de transmission en saisissant la vision systémique des rapports humains.

    • Bien appréhender la communication verbale, non verbale et paraverbale.

Lorsque nous échangeons des propos, l’information qui passe de nous à l’autre et de l’autre à nous est constituée de verbal (mots sémantiques), non verbal (attitudes gestuelles) et de para verbal (intonations de la voix).

Il est utile de rappeler que la plus grande partie d’un message reçu est constitué de 55% de non-verbal et 38% de para-verbal !

Si l’on peut apprendre à formuler de meilleures phrases en travaillant la sémantique, il est beaucoup moins aisé de modifier le langage du corps qui témoigne de l’authenticité ou pas de nos propos. Quand ils sont en harmonie c’est une belle victoire pour soi.

Ils signent donc la qualité de nos échanges. Ils sont directement liés à ce qu’on pense et à ce que l’on ressent et ne peuvent totalement être feints.

Ils sont en relation avec la qualité de la communication que l’on a avec autrui et avec soi-même. Souvent dans notre vie judo n’avons-nous pas été amené à confondre parfois, sans intention volontaire, communication avec pouvoir et manipulation ? Il faut savoir rester vigilant.

    • Connaître ses « positions ou styles de communication hasardeux », frein important dans les situations de blocage ou d’incompréhension avec les partenaires de l’environnement culturel judo, et savoir les dépasser en s’efforçant de se déshabiller de ses certitudes.

d) Les métaphores évolutives

    • Veiller à ce que les imageries et représentations livrées à tous les adhérents ne correspondent pas uniquement au reflet de leur compréhension consciente et inconsciente de leur vision du judo liée à des identifications ou des rêves en réponse à des informations extérieures et des conditionnements (apprendre à dépasser le mysticisme de la tradition, le culte de l’héritage culturel, la vénération du passé).

    • Essayer de leur faire prendre conscience de l’importance de la construction de leur édifice personnel (dojo intérieur) mais aussi en tant qu’individus immergés dans la société, à son amélioration.

SAVOIR – DEVENIR

Valeurs et évolution

Il y a 3 sortes de valeurs de l’homme : les valeurs biologiques, les valeurs existentielles et les valeurs historiques. Ce sont bien sur les valeurs existentielles liées au comportement des êtres humains qui nous intéressent plus particulièrement : l’individualité, l’intégration sociale, le groupe.

Ancrer les compétences essentielles au développement de l’être humain – dont les connaissances systémiques et imaginatives – donnant accès à une nouvelle perception de son environnement.

Nous entendons par systémique : un ensemble structuré. Un système de concepts, de notions, de relations. Un système consistant. Et par imaginative : une pédagogie de l’étonnement qui peut, pourquoi pas, laisser une place à une recherche existentielle.

La société moderne exige un développement continu des compétences qui sous-tend l’éducation et l’accès à la culture, ce sont les projets et la confiance en l’avenir.

Les formateurs ou accompagnateurs que nous sommes doivent mettre en œuvre une manière de diffuser notre culture judo en attirant l’attention des acteurs qui viennent rejoindre le Cercle Kano sur les conceptions de la « vie judo bonne » visant à dépasser une notion de la culture centrée sur l’individu, en tendant à briser le cercle vicieux du narcissisme, de l’égotisme qui caractérise notre époque.

    • Créer des opportunités pour des échanges qui préparent à une sorte de visionning : voyage à l’intérieur du cœur, dynamique vivante qui permet à une personne de prendre conscience de sa raison d’être, de ses désirs, de ses forces et de ses faiblesses.

    • La découverte de voies nouvelles l’aidera à atteindre ses buts grâce à la pertinence de notre message culturel pluriel, favorisant ainsi sa réalisation dans la vie judo (aborder le sujet de l’éthique altruiste qui est le socle incontournable de l’essence même de notre discipline).

    • Le problème clé de l’éthique pour soi est celui de la relation avec notre propre égocentrisme.

L’éthique altruiste est une éthique de la reliance qui demande de maintenir l’ouverture sur autrui, de sauvegarder le sentiment d’identité commune, de raffermir et de tonifier la compréhension de l’autre.

« Reliance » nous le concevons comme substantif au sens activant alors que « relier » est passif et « reliant » est participant.

    • Inculquer les valeurs : médiateurs entre notre monde intérieur judo et le monde extérieur (charte éthique et plus particulièrement éthique de l’exemplarité et de la responsabilité).

    • Faire prendre conscience comment les valeurs revendiquées par une personne peuvent former des combinaisons qui accélèrent ou retardent son développement.

Au cours des présentations précédentes, on peut se rendre compte qu’à travers de nombreux éléments la recherche principale et en toute humilité est d’ouvrir l’esprit.

Différents moyens se proposent à nous et plus particulièrement :

Conseils du cœur

La rencontre avec l’inconnu est toujours déstabilisante, voire stressante.

L’apprentissage de l’écoute et le décodage en silence sans pontifier notre statut sont les meilleurs gages de réussite pour que les membres du Cercle Kano ou les sympathisants se sentent en phase avec notre recherche et nos prospectives.

Nous avons toujours pensé que notre tâche n’est pas d’asservir, ni de convertir qui que ce soit, mais d’accompagner tous les acteurs à découvrir le message pluriel du Cercle Kano porté par ses valeurs altruistes et les principes universels et humanistes de Jigoro KANO.

    • L’autocritique

Notre rencontre avec la pensée humaniste nous a permis de comprendre que l’autocritique était le meilleur auxiliaire contre l’illusion égocentrique et pour l’ouverture sur autrui.

La lutte fondamentale de l’autocritique est contre l’autojustification.

Partout et sans cesse fonctionne la machine cérébrale à s’innocenter, se légitimer et s’auto-statufier. La vie quotidienne et la vie publique sont faites d’autojustifications qui se heurtent en aveugles les unes aux autres.

Ainsi l’autocritique nous a donné conscience de nos insuffisances voire de nos faiblesses.

Elle conduit à une modestie, parfois une humilité, par la reconnaissance de nos erreurs et de nos carences. L’autocritique nous avertit enfin de nos allergies psychiques, des humeurs par lesquelles nous nous laissons surprendre, des milles petites failles de crétinisme en chacun de nous, et elle ne peut qu’être renforcée par la moquerie sur soi, tout en renforçant celle-ci.

L’autocritique devient une activité quotidienne tout aussi nécessaire que la culture physique ou tout autant que la pratique de notre discipline, une hygiène existentielle qui entretient une veilleuse permanente.

    • L’ouverture sur soi et sur le monde judo.

A notre avis l’ouverture sur soi et sur le monde est une nécessité permanente dans tous les actes de notre vie judo ou sociétale.

Elle nous accoutume à ne pas céder à l’intimidation, à assumer notre propre pensée (dire ce que l’on a à dire et non ce qu’il faut dire).

Elle nous conduit à lier les secrets de l’adolescence (ses aspirations profondes) aux secrets de la maturité (l’acquisition de la réflexion).

Elle nous invite à faire s’exprimer nos multiples personnalités qui s’ignorent les unes les autres.

Elle nous exerce à dialoguer avec nos mythes et nos idées, non à nous laisser posséder par eux sans recours.

Elle nous rappelle que l’interprétation est toujours présente dans ce qui nous semble objectif et/ou évident : elle nous enseigne à nous méfier de nos yeux, à nous méfier de ce en quoi nous avons confiance, et à nous méfier aussi de la méfiance, en sachant que la confiance est un pari nécessaire pour la bonne relation avec autrui.

L’auto-examen, l’autocritique et l’ouverture sur soi et sur le monde judo peuvent donc nous aider à évaluer nos évaluations, juger nos jugements, critiquer nos critiques.

Ainsi cela contribue à nous renforcer immunologiquement contre notre tendance à culpabiliser autrui (c’est si facile) en le faisant devenir ainsi le bouc émissaire de nos erreurs ou de nos failles.

FAIRE DEVENIR

Accompagner en judo…

« Accompagner quelqu’un », ce n’est pas le précéder, lui indiquer la route, lui imposer un itinéraire, ni même connaître la direction qu’il va prendre. C’est marcher à ses côtés en le laissant libre de choisir son chemin et le rythme de son pas.

Accompagner c’est permettre à ceux qui nous ont choisi en venant vers nous de conserver un sens humain à ce qu’ils vivent, de trouver leurs propres points de repère, de ne pas perdre leur identité.

C’est les aider à passer à autre chose s’ils le pensent utile, à faire face à beaucoup de défis à la fois, donc à faire leurs propres deuils, à faire leurs choix. En bref, c’est leur donner la possibilité de vivre intensément le partage et la réciprocité.

Savoir être accompagnant, c’est faire preuve d’ouverture sur les autres, d’une écoute accueillante, d’une aide bienveillante, d’une communication franche, d’un rayonnement manifeste. C’est savoir transmettre, au-delà des savoir-faire, un art de vivre judo mieux pour soi et pour les autres.

« Et il revint vers le renard : – Adieu, dit-il…

    • Adieu dit le renard, voici mon secret. Il est simple : on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

    • L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince afin de se souvenir.

    • C’est le temps que tu as perdu pour ta rose si importante.

    • C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir. » Antoine de Saint EXUPERY, « Le petit Prince ». Peut-on aller plus loin ? Nous le pensons vraiment. Y a-t-il dans la pratique de notre Art et de son application culturelle une certaine sagesse ? Nous répondons oui.

ÉPILOGUE

Les trois niveaux de la sagesse

« La sagesse désigne le savoir et la vertu d’un être. Elle caractérise celui qui est en accord avec lui-même et avec les autres, avec son corps et ses passions (vertus de tempérance, de modération et de justice), qui a cultivé ses facultés mentales, tout en accordant ses actes à ses paroles ».

« Il se pourrait bien cher Alcibiade, qu’il existe en moi un pouvoir grâce auquel tu deviendrais, toi, meilleur ! »

Le pouvoir de rendre les autres meilleurs ! N’est-ce pas formulée par SOCRATE lui-même, la meilleure définition de la sagesse ? Mais quelle prétention !!! Et pourtant…

Vous trouverez le contenu du chapitre « Les trois niveaux de la sagesse » en prolongement de la première partie de ce fascicule au niveau avancé, dans le témoignage : « Le judo est-il un humanisme ? ».

Impressions personnelles

Tout au long de cette présentation, nous avons essayé de vous faire voyager à travers toutes les problématiques, toutes les interrogations, tous les doutes qui peuvent se présenter dans la vie de tous les jours d’un judoka que nous qualifierons de responsable, et qui demandent une véritable perspective sur les pensées, les émotions et les expériences, même si nous sommes arrivés parfois à nous sentir trahi du fait de notre propre ignorance.

Nous en avons éprouvé bien sûr une frustration et parfois de la déception.

Enfin, et dans le cadre de ce système de pensée où rien n’est plus important que les relations à l’autre, il convient de dire deux mots de l’unité à laquelle nous souscrivons pleinement et à laquelle se voue le système des degrés de maturité.

Nous considérons que c’est la base de l’évaluation de toutes les prestations martiales, c’est le « ippon » qui ne s’obtient que par la coordination entre l’esprit, la technique et le corps.

Mais ici l’unité n’a pas d’autre sens que d’exister dans l’instant, dans le présent. Elle s’observe dans les faits, concrètement, dans l’action, mais cela ne dure pas.

Et même si la technique de combat est un moyen que la personne peut utiliser pour rassembler ses forces corporelles et mentales et faire cesser les antagonismes de sa dualité naturelle, le corps et l’esprit, l’unité obtenue est fugace.

L’union de la pensée et de l’action est ainsi toujours à reconstruire.

Pour nous l’essentiel restera de se sentir suffisamment concerné voire impliqué pour continuer à avancer et de persévérer sans cesse vers cette quête d’absolu, qui passe par l’école du doute mais qui permet d’ouvrir son cœur à l’autre.

A travers nos différentes constructions nous nous sommes efforcés de toujours rechercher à transmettre un message visant à permettre à l’autre de gratifier son engagement par la perception de l’importance majeure du savoir, faire, devenir, phase ultime d’une transmission à forte valeur ajoutée.

Nous espérons avoir retenu toute votre attention et nous vous en remercions par avance, mais sachez que nous savons que la sensation du bien-être de la joie intérieure que nous ressentons peut conduire à des imprudences. Lorsque l’on nage dans le bonheur il faut être modéré.

Croyez que nous nous efforcerons de rester là où nous avons pied. Notre but demeure simplement de poursuivre à apprendre à bien vivre judo et à le communiquer aux autres, même si l’on prétend parfois avoir l’ambition de trouver la vérité ultime.

Il n’est pas interdit de rêver !

« Ainsi, l’essentiel pour le bonheur de la vie, c’est ce que l’on a

en soi-même ». (Arthur SCHOPENHAUER)