LES KATAS
Les Katas, une étude complexe mais complète.
Dans l’étude du Judo il existe 4 voir 5 éléments d’études :
– Le Kogi; cours magistral ou conférence;
– le Mondo, échange sous forme de questions réponses avec l’enseignant;
– le Kata, apprentissage des principes, de la forme pure de la technique et d’autres éléments;
– le randori; la mise en pratique;
– et enfin le Shiai ou le duel; situation en condition réelle d’affrontement dans lequel le pratiquant peut prendre connaissance de son niveau de connaissances.
Interressons nous donc au Kata.
I] SIGNIFICATION DES KANJI KATA
Le mot kata est une forme nominalisée de Odai no Kata la mère du shogun Ieyasu Tokugawa. La hiérarchie des combattants a été créée par la mère du shogun ; elle est issue du passage de l’ére Edo à l’ère Meiji que l’on attribue alors au kata Hangetsu (la demi-lune). L’ordre des samouraïs s’éteignit à Edo, et un nouvel ordre impérial vit le jour à Tokyo.
Le mot kata a trois sens principaux en japonais. À chaque sens correspond un kanji pouvant être employé pour écrire ce mot :
– Façon : 方 Ce caractère a les sens de “manière”, “orientation”, “direction”. Il peut aussi signifier “personne” en style soutenu (kata est plus poli que hito).
– Moule : 型 Étymologiquement « forme originale faite en terre ». Cet idéogramme a également le sens de trace laissée, forme idéale, loi, habitude.
– Forme : 形 Étymologiquement « tracer avec le pinceau une ressemblance exacte »
Dans ses deux dernières graphies, le mot kata évoque donc à la fois l’image d’une forme idéale à reproduire ainsi que la fixation et la transmission de connaissances ayant pour base une gestuelle codifiée.
Remarque : il existe aussi deux autres caractères dont la prononciation japonaise est kata. Mais ceux-ci n’ont pas directement rapport avec les sinogrammes cités plus haut. Il s’agit de 肩 (“épaule”) et 潟 (“lagune, bras de mer”).
Par extrapolation lorsque l’enseignant démontre de façon statique ou en mouvement une technique, que ce soit debout comme au sol, la restitution par l’élève s’apparente également à un kata au sens strict de la définition étymologique.
Si nous adoptons la description éthymologique, nous pouvons dire que le Nage-no-kata se compose de 15 kata.
II] COMMENT ABORDER LES KATA
Pour Kano le travail du kata est important, mais il se doit d’être mis en situation dans le Randori. Car si l’on apprend le principe d’une technique dans sa façon la plus pure, les positions d’exécution en combat réel seront différentes. Chaque technique ne sera pas forcément réalisée dans sa forme originale (idéale pour Kano) mais subira des modifications. L’essentiel pour Kano sera le respect du principe qui permet la réalisation de la technique.
Le grand nombre d’élèves ne permet plus, ni à Kano ni à ses professeurs de pouvoir diffuser des cours comme par le passé. Les kata sont alors une solution afin de pouvoir faire un apprentissage de masse dans des locaux réduits en taille tout en conservant le but des exercices, apprendre les principes fondamentaux du Judo Kodokan.
Les Kata sont abordables sous différents angles. Le premier reste la compréhension du principe qu’il nous démontre. Le second est d’essayer d’avoir la réalisation d’une technique la plus pure possible. La troisième est de pouvoir entraîner et habituer son corps et l’esprit à un état de non-pensée afin que la technique soit un automatisme.
Ceci ne sont que quelques exemples parmis beaucoup d’autre qui serait fastidieux pour le lecteur d’énumérer dans cette article. Mais chaque judoka pourra trouver ce qu’il recherche au fur et à mesure du travail des Kata.
III] LES KATA DU KODOKAN, LEUR ENSEIGNEMENT ET RÔLE
Chaque kata s’inscrit dans un registre bien spécifique suivant ce qu’il veut nous démontrer et nous apprendre et nous faire réfléchir.
Les formes de pratiques libres (randori-no-kata)
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- Nage-no-kata (1884-1887) (les projections).
- Katame-no-kata (1884-1887) (les immobilisations, clés et étranglements).
Les formes d’auto-defense (Shobu-no-kata)
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- Kime-no-kata (1884-1887) (les décisions). Ce kata s’appelait le Shobû-no- kata et n’obtint pas l’unanimité de la commission du Butokukai en 1906, il ne sera enseigné au Kodokan qu’à partir de 1917.
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- Kodokan-Goshin-jutsu (1956) (l’auto-défense).
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- Joshi-goshin-ho (1943) (la légitime défense pour les femmes).
Les formes d’éducation physique (Rentai-no-kata)
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- Ju-no-kata (1887) (la douceur et la flexibilité).
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- Go-no-kata (1887) (le bon usage de la force).
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- Sei-ryoku-zen’yo Kokumin-Taiiku (1887) (la meilleure utilisation de l’énergie).
Les formes de théorie (Ri-no-kata)
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- Itsutsu-no-kata (Tenjin-shin’yo-ryu) (les forces de la nature).
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- Koshiki-no-kata (Kito-ryu) (les formes antiques).
Renko ho : Principe de maîtrise pour la police (arrestation et conduite d’un détenu à main nue)
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- Torite-no-kata Ce n’est pas un kata à proprement parlé mais une forme d’apprentissage pour le maintient et la conduite d’un détenu par un policier non armé.
IV] CE QU’ILS NOUS ENSEIGNENT
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- 1). Nage-no-kata :
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- Nous enseigne les bases de la biomécanique complexe, et comment surmonter une attaque ainsi que positionner son corps tout en maintenant ou accentuant le déséquilibre (Kuzushi et (Tsukuri), pour arriver à la projection (Kake).
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- 1). Nage-no-kata :
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- 2). Katame-no-kata :
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- Nous enseigne des contrôles au sol, il permet de mieux utiliser son corps de manière efficace tout en faisant preuve d’une grande motricité.
3). Kime-no-kata ; Kodokan-Goshin-jutsu ; Joshi-Goshin-ho :
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- 2). Katame-no-kata :
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- Ces trois kata reflètent ce qui est crucial dans un vrai combat à « mort »(Shinken shobu). Ils enseignent au corps le mouvement efficace, la vitesse, la coordination et le contrôle de la posture tout en contrôlant une autre personne.
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- 4). Ju-no-kata :
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- Nous enseigne la résistance et la non-résistance, la flexibilité et la souplesse mais surtout la redirection de la force et du mouvement.
5). Go-no-kata :
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- 4). Ju-no-kata :
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- Nous enseigne les principes appropriés de l’utilisation de la force contrôlée mais sans jamais s’en appuyer comme élément principal.
6). Sei-ryoku-Zen’yo Kokumin-Taiiku :
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- Il renforce le développement physique et la coordination.
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Il est divisé en deux groupes, solo (Tandoku renshu) et avec partenaire (Sotai renshu). Les exercices avec partenaire sont divisés en deux groupes, Kime-Shiki (contenant des versions simples de plusieurs techniques du Kime-no-kata) et le Ju-Shiki (tirés directement du Ju-no-kata).
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- 7). Itsutsu-no-kata :
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- C’est un kata dit « supérieur » qui évoque les mouvements et les forces de la nature, il vient du Tenjin-Shin’yo-ryu.
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- 7). Itsutsu-no-kata :
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- 8). Koshiki-no-kata :
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- Nous enseigne à adopter la posture calme de l’esprit et le déplacement normal appelé « Hontai », il vient du Kito-ryu.
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- 8). Koshiki-no-kata :
V] RÔLE
Les buts du kata est de faire travailler les gestes, les postures… dans des situations données, afin d’avoir un apprentissage « au calme » et plus appliqué que lors d’un combat; Il permet de découvrir des principes fondamentaux des arts martiaux, comme la gestion des distances (ma-ai), l’attitude et la gestion de l’équilibre (Shisei), la coordination des mouvements…
Les différents Kata ont été conçus afin de comprendre un principe fondamental mais aussi pour pouvoir enseigner à un plus grand nombres de personnes en simultané. Du fait de nombreuses absences de Kano en dehors du Kodokan, il avait de nombreuses tâches confiées par le pouvoir Impérial, il créa les enchaînements de Kata comme moyen mnémotechnique à destination de ses élèves les plus doués (ou anciens) pour leur permettre de donner les cours en son absence. La formation des professeurs ne sera mise en place que vers 1911.
À l’époque médiévale, où les écoles gardaient leurs secrets, les kata étaient une manière codée de transmettre l’enseignement : le travail paraissait banal extérieurement, mais sa répétition permettait aux élèves avancés de découvrir par eux-mêmes les principes cachés et mystiques (Mikkyo, transmis au niveau okuden).
VI] QUE PEUT NOUS APPORTER L’ETUDE DU NAGE-NO-KATA
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- A) L’esprit du Nage-no-kata
Dés 1885-1887 le Nage-no-kata fut mis en place et jusqu’en 1906 il connut plusieurs versions (voir tableau en annexes). Il est classé dans ce que Kano appel les Randori-no-kata, mais ce kata est avant tout une forme de défense de Tori en cas d’agression. Cette période est en effet tumultueuse, les jujitsukas sont dans un défi permanent entre élève de chaque école et les élèves du Kodokan ne dérogent pas à la règle.
[extrait du livre La voie du Judo par John Stevens – 2013]
« Comme Saigo et Yokoyama, Yamashita était un combattant de la rue. Yamashita adorait jeter ses agresseurs voyous, mutiler ou même tuer plusieurs d’entre eux. Pour ce genre de chaos, Yamashita a été arrêté. Il a plaidé avec succès la légitime défense, mais le Kodokan a suspendu Yamashita pour «usage excessif de la force», comme Saigo et Yokoyama. ».
C’est, hélas à cette période, le comportement de nombreux Jujitsukas des différentes écoles qui aimaient déambuler en plein centre du trottoir et qui jetaient les pauvres passants dans la rue s’ils ne s’écartaient pas.
Donc dans ce climat relativement provocateur, pour ne pas dire violent, le Nage-no-kata est une réponse à différentes agressions que pouvaient rencontrer les élèves du Kodokan.
- B) Etude(s)
Le Nage-no-kata enseigne de nombreuses choses et il sera la source pour chaque pratiquant en fonction de la recherche effectuée.
Le Nage-no-kata, comme tout les autres katas Kodokan ou non-Kodokan, ne s’apprend pas de façon mécanique mais doit être l’objet d’une, non que dis-je, de plusieurs études par l’élève. Si la fonction première, de nos jours, est la compréhension de la biomécanique du corps et de mettre l’accent sur le principe « Kuzushi-Tsukuri-Kake », il a peut être eu par le passé, comme encore de nos jours, d’autres rôles qui ne nous sont pas encore apparus à notre esprit occidental.
a) Etude de Kuzushi-Tsukuri-Kake
Nous pouvons découvrir dans les séries du Nage-no-kata que le Kuzushi et le Tsukuri ne sont pas forcément des temps séparés.
Le Nage-no-kata démontre qu’il existe plusieurs façons d’avoir le déséquilibre. En premier Tori peut le créer par une action de sa part, en second Tori peut profiter de la perte déquilibre venant d’un action de Uke et enfin en troisième en arrêtant franchement la progression de Uke par un obstacle imprévu.
b) Support pédagogique
Le Nage-no-kata fut réfléchi et travaillé dés les débuts du Kodokan, vers 1884, et il a été normalisé et adopté dans sa forme actuelle en 1906.
Le Nage-no-kata est un moyen mnémotechnique à la fois pour les enseignants comme pour les étudiants afin de se souvenir des 5 familles de projections.
Le Nage-no-kata est aussi un moyen d’enseignement de masse afin de faire progresser un plus gand nombre de participants dans un espace minimum.
Apprendre à gérer le Ma-ai (les intervales espace/temps entre les deux combattants).
c) Préparation au Randori
Le Nage-no-kata faisant partie avec le Katame-no-kata de la famille des Randori-no-kata, il est également utile pour, à force de répétition, aider l’esprit et le corps à mémoriser le geste et la position pour une exécution automatique en phase de combat.
d) Le travail des enchaînements
Comme le Nage-no-kata est un kata de randori, chaques techniques doit pouvoir être enchaînées si la technique précédente échoue.
Un exemple de cette affirmation nous ai indirectement donnée par Kano lui-même dans sa description de sa recherche de la technique « Harai-goshi ».
[KANO – Extrait de la conférence sur le judo publiée entre 1893 et 1903 dans la revue Kokushi.]
[…] « Passons maintenant a l’explication de harai goshi. Pour cela, il est bon de raconter le processus de découverte de cette technique. Comme les anciens également l’employaient, sans doute l’ont-ils inventé autrement que moi mais voici comment on a commencé a l’utiliser au Kôdôkan.
C’était encore au tout début du Kôdôkan et, alors que je portais uki goshi sur un élève (SAIGO Shiro), cela ne fonctionna soudain plus alors que ça avait marché jusque-la. La raison était que lorsque je voulais engager la technique, il esquivait en sautant.
Pour être plus précis, lorsque je voulais engager la hanche droite et que j’enlaçais ses hanches de la main droite pour me coller a lui, avant que je ne me vrille, il sautait d’un pas vers l’avant latéral en supportant tout son poids de la jambe gauche. Et ainsi, comme son corps s’en allait vers une position différente, je manquais ma cible première.
Je me mis donc à réfléchir en me demandant s’il n’y aurait pas une bonne idée. Si ma technique ne passait plus, c’est qu’il avançait vers l’avant latéral. Je me dis qu’il me faudrait donc l’empêcher de le faire. Alors, en levant ma jambe droite et en plaçant ma jambe au niveau de sa jambe avant latérale droite, je prévenais son avancée vers le latéral avant et, dans le même temps, je remontais au niveau de l’aisselle la main qui, dans le cas d’uki goshi, aurait du se trouver au niveau de la ceinture et au moment ou l’arrière de mon corps collait a l’avant du sien en le pêchant légèrement (bien sur, dans ce cas, ce n’est pas totalement l’arrière de mon corps qui se colle a l’avant du sien mais, dans l’hypothèse de harai goshi a droite, c’est la partie entre mon dos et mon flan droit qui vient contre sa poitrine et la partie entre l’arrière de ma hanche et mon côté droit qui vient contre son ventre environ), je fais comme si je balayais vers l’arrière latéral de ma jambe droite en agissant de la hanche tandis que ma main gauche, qui tient en saisie normale l’extérieur médian de la manche droite de son keikogi, l’attire en direction de la hanche gauche.
En essayant ainsi, la technique passa bien. Mais mon élève réfléchit également et en arriva a pouvoir aussi éviter cette technique. Comme il n’avançait plus latéralement comme auparavant, il avait trouvé le moyen de ne pas tomber en restant sur place.
En somme, lorsque je voulais pêcher dans l’intention de faire harai goshi, il sortait le ventre et maintenait son corps ferme avec l’intention de se cambrer légèrement. Ce faisant, la technique ne pouvait absolument pas passer. J’ai donc du réfléchir a nouveau.
Quand il et relâché, même en parvenant a mettre le haut de son corps en mouvement n’a que peu d’effet sur le bas mais, quand il met autant de force a rester ferme, son corps est tel un mannequin fiché dans le sol. Selon le principe du levier, si quelque chose se tient droit et haut, il est facile de le renverser avec tres peu de force en plaçant le pivot très bas et en tirant sur l’extrémité haute. C’est pourquoi j’ai pensé que, dans une telle situation, il pourrait être bien de porter une technique en appliquant ce principe sur le corps humain également. Alors, au moment ou il met de la force en se cambrant, je me replis extrêmement bas devant lui au point que la zone de mes hanches se place sous l’articulation de ses genoux, que je m’en sers de pivot et que je le projette en le faisant tomber sur mes hanches en le tirant par la manche et l’épaule de son keikogi (tenue d’exercice ancêtre du judogi). Cette technique s’appelle tsuri-komi-goshi ». […]
VII] A QUOI PEUT-ON COMPARER LE KATA ?
Les katas se retrouvent dans différents arts martiaux japonais comme le judo, le karaté, le kendo ou encore l’aïkido mais également au théâtre dans le nô, le kabuki (théâtre traditionnel japonais) ou encore le bunraku (théâtre de marionnettes datant du XVIIe siècle).
Si l’on compare un kata à un langage, alors le kyohon (manuel d’enseignement) est le vocabulaire de base, les katas sont des phrases toutes faites et les bunkai (applications) sont des mises en pratique dans le langage courant.
Dans les arts martiaux, le kata représente un combat réel contre un adversaire. Étant codifié de manière rigoureuse, il s’effectue sans surprise et permet notamment de travailler en toute sécurité des techniques qui seraient dangereuses en entraînement de combat, ou alors de travailler dans des conditions plus proches de la réalité du combat.
VIII] En résumé
Les Kata et particulièrement le Nage no kata est à la fois une étude de la biomécanique, une mise en application des principes du Judo, un aide mémoire pour les enseignants, un moyen d’enseigner au plus grand nombre dans un espace restreint, un entraînement en préparation des randoris, un apprentissage du corps afin d’arriver à l’état de non-pensée et aussi une étude des enchaînements possibles en cas d’échec d’une technique.
L’étude du Nage no kata est un exercice complet qui entraîne autant le corps que l’esprit du judoka.
Uke est le plus actif dans l’exécution de ce kata, il est à l’origine de la réaction de Tori et doit montrer son intention de résister (ou se soustraire) à la technique que Tori va effectuer.
Annexes
Les Kata Kodokan créés ou importés par Kano avant 1938
KATA KODOKAN DE KANO | |||
Noms | Création | Champ d’application | Enseignement |
Nage-no-kata | 1884-1887 | Les projections | Enseigne les bases de la biomécanique complexe, et comment surmonter une attaque ainsi que positionner son corps tout en maintenant ou accentuant le déséquilibre (Kuzushi et (Tsukuri), pour arriver à la projection (Kake). |
Katame-no-kata | 1884-1887 | Les soumissions | Enseigne des contrôles au sol, il permet de mieux utiliser son corps de manière efficace tout en faisant preuve d’une grande motricité. |
Kime-no-kata | 1884-1887 | Les décisions | Enseigne au corps le mouvement efficace, la vitesse, la coordination et le contrôle de la posture tout en contrôlant une autre personne. Ne sera pas validé en 1906, et il ne sera enseigné au Kodokan qu’à partir de 1917. |
Ju-no-kata | 1887 | La souplesse | Enseigne la résistance et la non-résistance, la flexibilité et la souplesse mais surtout la redirection de la force et du mouvement. |
Go-no-kata | 1887 | La force | Enseigne les principes appropriés de l’utilisation de la force contrôlée mais sans jamais s’en appuyer comme élément principal. |
Seiryoku-Zen’yo-Kokumin-Taiiku-no-Kata * | 1887 (1924) | Gymnastique | Renforce le développement physique et la coordination. Il est divisé en deux groupes, solo (Tandoku renshu) et avec partenaire (Sotai renshu). La partie Tandoku renshu est aussi une étude sur les atemi. Les exercices avec partenaire sont divisés en deux groupes, Kime-Shiki (contenant des versions simples de plusieurs techniques du Kime-no-kata) et le Ju-Shiki (tirés directement du Ju-no-kata). |
Itsutsu-no-kata | Origine Tenjin Shin’yo ryu |
Les forces de la nature | Kata dit « supérieur » qui évoque les mouvements et les forces de la nature. |
Koshiki-no-kata | Origine Kito ryu |
Formes antiques | Enseigne à adopter la posture calme de l’esprit et le déplacement normal appelé « Hontai » |
* La particularité du Seiryoku-Zen’yo-Kokumin-Taiiku-no-Kata.
Kimi-shiki | Le kata de la décision. Ce kata met l’accent sur l’utilisation des mouvements corporels dans la réponse aux attaques et inclut les défenses à la fois agenouillées et debout contre les attaques à la main, au couteau et à l’épée. Ce kata était considéré comme un kata séparé, mais fait aujourd’hui partie du Seiryoku-Zenyo Kokumin-Taiiku. |
Ju-shiki | Le kata du « céder ». Ce kata comprend un certain nombre d’attaques et de défenses démontrant la réorientation efficace de la force et du mouvement. Ce kata était considéré comme un kata séparé, mais fait aujourd’hui partie du Seiryoku-ZenyoKokumin-Taiiku. |
CE QUE NOUS DIT KANO SUR LE KATA
[…] « Le kata est une méthode où l’ordre est prédéfini et où, en général deux, parfois plus de personnes, agissent selon un objectif. Il arrive que celui-ci soit simplement le combat, ou bien à la fois le combat et l’éducation physique, ou encore le combat et l’éducation esthétique. Et, selon sa structuration, il est aussi possible de mêler les trois : combat, éducation physique, éveil esthétique. Dans les kata qui ont pour objet le combat, il y a, en plus des projections et fixations qui constituent le but du randori, ce que l’on appelle des frappes [NDT : ate]. Comme celles-ci consistent en heurter ou percuter du poing ou du pied les points sensibles de l’adversaire, cela est très dangereux en randori. C’est pourquoi, en enseignant cela au moyen du kata, comme il s’agit d’une méthode dans laquelle l’ordre est connu, on peut répondre sans danger, peu importe que l’adversaire attaque du poing ou du pied. Et, après avoir ainsi quelque peu pratiqué, on en vient à pouvoir réagir de façon appropriée quand quelqu’un nous attaque soudainement ainsi.
Qu’il s’agisse de techniques de projection ou de fixation, quand on ne s’y exerce qu’au travers du randori, même s’il y a des aspects que l’on peut grandement mûrir, d’autres sont totalement laissés en friche et, de même, il est difficile de percevoir l’essentiel de la théorie de nombreuses techniques en un temps réduit. Mais, par la pratique du kata, on peut avoir relativement rapidement une compréhension globale de l’ensemble. Toutefois, quel que soit le niveau en kata, si on ne pratique pas suffisamment le randori, les choses ne vont pas comme on le souhaite lorsqu’on les applique réellement. La relation entre le kata et le randori est la même qu’entre apprendre l’art de la navigation à terre et en avoir une expérience en mer. Il n’y a pas à opter entre kata et randori.
Toutefois, comme enseigner le kata est à la fois très difficile et long, à l’origine, au Kôdôkan, j’avais trouvé pratique de le faire petit à petit entre les randori et décidé de faire en sorte qu’on arrive à en comprendre naturellement la théorie en donnant les explications que je devais faire pendant ce temps mais, bien sûr, il est difficile d’en arriver à une véritable compréhension si on ne met pas en place une pratique du kata spécifique. On peut pratiquer le kata dans le but et de l’éducation physique et du combat.
Et cela parce qu’ils sont structurés de telle façon que tandis que deux personnes ou plus se portent mutuellement des techniques de combat, les esquivent ou les subissent, elles font naturellement travailler diversement différents muscles et, parfois, on ouvre en grand la poitrine, et parfois on exprime une grande puissance. Quant au type de structuration des kata qui ont pour objectif l’éducation esthétique et le combat, elle prend pour socle le fait que, comme dans ce qui précède évidemment, tandis que deux personnes ou plus se portent mutuellement des techniques de combat, les esquivent ou les subissent, elles produisent naturellement de gracieux mouvements et que, de plus, du rapport de forces naissent divers élans qui agitent grandement les émotions.
C’est là ce que je voulais sommairement dire de ce que sont le randori et le kata mais il me faut expliquer qu’il existe un principe essentiel qui agit transversalement dans le combat de jûdô, tant en randori qu’en kata. Et c’est le « jû » de jûdô. Il y a une théorie selon laquelle le caractère « jû » de jûjutsu / jûdô viendrait de l’expression jû yoku gô o sei su [NDT : l’adaptation [jû] peut l’emporter sur le rigide [gô]] mais, en fait, on peut penser que non et que, du fait que l’on peut écrire « yawara » en caractères chinois aussi bien和術que柔術, que cela n’est qu’un caractère chinois plaqué sur le mot « adaptatif » [NDT : yawarakai]. Mais peu importe et, quoi qu’il en soit, le sens du caractère « jû » de jûdô correspond bien à celui de l’expression jû yoku gô o sei su. Le jûdô est une pratique qui, au contraire du sumô, par exemple, s’accompagne d’une théorie subtile et si, quand ils l’entendent, les étrangers en font toujours l’éloge en disant qu’il n’est aucune pratique plus fine au monde, je suis persuadé que c’est entièrement dû au fait que l’on obtient la victoire en se basant sur le principe de l’adaptation [NDT : jû no ri]. » […]
ÉVOLUTION DU NAGE-NO-KATA DE 1895 À NOS JOURS
NAGE-NO-KATA | ||||
Séries | 1895 | 1902-1904 | 1905 | À partir de 1906 |
1ère TE-WAZA |
Uki-otoshi | Uki-otoshi | Uki-otoshi | Uki-otoshi |
Seoi-nage (forme Ippon) | Seoi-nage (forme Ippon) | Seoi-nage (forme Ippon) | Seoi-nage (forme Ippon) | |
Sumi-otoshi / Sukui-nage * | Sukui-nage | Sukui-nage | Kata-guruma | |
2ème KOSHI-WAZA |
Uki-goshi | Uki-goshi | Uki-goshi | Uki-goshi |
Harai-goshi | Harai-goshi | Harai-goshi | Harai-goshi | |
Tsuri-komi-goshi | Tsuri-komi-goshi | Tsuri-komi-goshi | Tsuri-komi-goshi | |
3ème ASHI-WAZA |
Okuri-ashi-harai | Okuri-ashi-harai | Okuri-ashi-harai | Okuri-ashi-harai |
Sasae-tsurikomi-ashi | Sasae-tsurikomi-ashi | Sasae-tsurikomi-ashi | Sasae-tsurikomi-ashi | |
Uchi-mata | Uchi-mata | Uchi-mata | Uchi-mata | |
4ème SUTEMI-WAZA |
Tomoe-nage | Tomoe-nage | Tomoe-nage | Tomoe-nage |
Ura-nage | Ura-nage | Ura-nage | Ura-nage | |
Tsuri-otoshi | Tsuri-otoshi | Sumi-gaeshi | Sumi-gaeshi | |
5ème YOKOSUTEMI-WAZA |
Yoko-gake / Yoko-guruma** | Yoko-gake | Yoko-gake | Yoko-gake |
Uki-waza | Yoko-guruma | Yoko-guruma | Yoko-guruma | |
Tani-otoshi | Uki-waza | Uki-waza | Uki-waza |
* Ces deux techniques furent pratiquées en alternance au début de la création.
** Les recherches n’ont pas permis de déterminer laquelle des ces deux techniques commençaient la 5e série.